Une nouvelle étude révèle que la phase prodromique de la sclérose en plaques (SEP) s’étend sur plusieurs années, les patients consultant davantage que la population générale jusqu’à quinze ans avant la survenue des premiers symptômes neurologiques. Les visites qui augmentent en premier concernent la santé mentale et une mosaïque de symptômes.
« La SEP peut être difficile à identifier puisque nombre des symptômes précoces (fatigue, céphalées, douleurs, troubles de santé mentale) sont non spécifiques et peuvent être confondus avec d’autres maladies », explique Helen Tremlett, chercheuse en neurologie à l’université de Colombie-britannique et au Djavad Mowafaghian Centre for Brain Health (Vancouver), autrice senior de l’étude. Ce travail, qui compare le recours au système de santé entre une cohorte de 2 038 patients avec une SEP et une cohorte de 10 182 personnes sans la maladie, est publié dans le Jama Network Open.
Le recours au système de soins en cas de SEP augmente par rapport à la population générale avec un risk ratio ajusté (aRR) de 1,19 pour les visites médicales (quelle qu’en soit la cause) entre la 15e et la 14e année avant le début de la maladie, un surrisque qui se maintient au-dessus de 1,15 durant tout le prodrome.
Un pic de consultations chez les spécialistes un an avant
Les motifs de consultation évoluent au cours du temps. Tout d’abord, quinze ans avant que la SEP ne se déclare, ce sont les visites en médecine générale qui sont plus fréquentes, pour des motifs non spécifiques à type de santé mentale (dont anxiété et dépression), de fatigue, de douleurs et de vertiges. Trois ans après, les consultations en psychiatrie augmentent (RR = 2,59), suivies par des avis spécialisés en neurologie et en ophtalmologie, huit à neuf ans avant le début de la maladie (RR = 1,61 et 1,45 respectivement). Le risque de consulter pour troubles sensoriels, musculosquelettiques et du système nerveux était plus élevé à huit, cinq et quatre ans avant le début de la maladie, respectivement. Entre trois et cinq ans avant les symptômes, les visites aux urgences et en radiologie se multiplient.
Finalement, un an avant le début de la SEP, la tendance s’accélère avec un pic des consultations dans de multiples spécialités : urgences (RR = 1,69), radiologie (1,92), médecine interne (1,38), neurologie (5,46), ophtalmologie (1,64) ou encore médecine générale (1,23).
Les symptômes somatiques non spécifiques surviennent ainsi précocement, sept à onze ans avant les premières consultations en neurologie et pour des troubles du système nerveux. « Cela suggère une phase prodromique de la SEP longue et complexe, durant laquelle quelque chose se déroule en profondeur sans s’être encore déclaré, explique la Dr Marta Ruiz-Algueró, première autrice de l’étude, neurologue à l’université de Colombie-britannique et au Djavad Mowafaghian Centre for Brain Health. Nous commençons à peine à comprendre ce que sont ces signaux d’alerte précoces, avec les troubles de santé mentale qui semblent en être les tout premiers indicateurs. »
Les chercheurs soulignent que la majorité des personnes ayant de tels symptômes non spécifiques ne développera pas une SEP mais les résultats de l’étude « ouvrent la porte à des opportunités pour un diagnostic et des interventions précoces », estime Helen Tremlett.
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