Le valaciclovir, un antiviral actif sur les virus du groupe de l’herpès, ne permet pas de ralentir la progression des symptômes de la maladie d’Alzheimer (MA) chez des patients à des stades précoces. C’est ce qu’ont rapporté des chercheurs de la Vagelos College of Physicians and Surgeons, l’école de médecine de l’Université de Columbia (New York, États-Unis), qui ont souhaité éprouver la piste herpétique de la MA. En effet, de grands espoirs de traitement reposent sur l’hypothèse selon laquelle les infections herpétiques déclenchent la MA ou y contribuent.
« Sur la base d’études antérieures, il était possible d’espérer que le valaciclovir ait un effet sur la maladie, ont déclaré les chercheurs. Mais personne n'avait mené d'essai clinique pour tester cette idée ». Leurs résultats ont été présentés le 29 juillet 2025 lors de la conférence internationale de l'Alzheimer's Association (AAIC, Toronto, Canada)*. L’étude a bénéficié de subventions des National Institutes of Health (NIH) et de l'Alzheimer's Association.
Pas de différence significative dans les deux groupes sur le cours de la maladie
L'essai a inclus 120 adultes, âgés en moyenne de 71 ans, ayant reçu le diagnostic d’un stade précoce de la MA ou d’une déficience cognitive légère (DCI) avec des arguments d’imagerie ou de biomarqueurs sanguins indiquant une pathologie Alzheimer sous-jacente. Tous les participants avaient des anticorps révélant des infections herpétiques antérieures (principalement HSV1, parfois HSV2). Ils ont été randomisés (1:1) pour recevoir, soit du valaciclovir, soit un placebo ; et les chercheurs ont ajusté leurs résultats sur l'âge, le sexe et le statut ApoE ε4.
« Nous étions à la recherche d'un signal indiquant que le médicament était plus efficace que le placebo », ont-ils expliqué. À l’issue d’un suivi de 18 mois, les patients prenant le placebo obtenaient des résultats légèrement meilleurs aux tests cognitifs que ceux du groupe valaciclovir. Mais sur d’autres paramètres, c’était le bras actif qui présentait des résultats légèrement meilleurs. Au global, les résultats n’étaient pas significativement différents.
« Notre essai suggère que les antiviraux qui ciblent l'herpès ne sont pas efficaces pour traiter les premiers stades de la maladie d'Alzheimer et qu'ils ne peuvent pas être recommandés pour les patients présentant des signes d'une infection antérieure par le virus de l’herpès. Nous ne savons pas si un traitement antiviral à long terme après une infection par le virus de l'herpès peut prévenir la maladie d'Alzheimer, car aucun essai prospectif contrôlé n'a été réalisé », ont ainsi analysé les auteurs.
La piste continue ?
Pour la Dr Catherine Helmer, épidémiologiste à l’Inserm au Centre Bordeaux Population Health qui avait accordé une interview au Quotidien du Médecin sur la piste herpétique, les résultats de cet essai « intéressant » sont certes « décevants », mais « ne remettent pas en cause l’hypothèse herpétique de la MA ». « Il y a beaucoup de raisons qui pourraient faire que les résultats sont négatifs. Outre la petite taille de l’échantillon, la question du stade de la maladie se pose. La majorité des patients inclus dans l'essai étaient à un stade déjà symptomatique de MA, sans doute trop tardif pour espérer voir l'effet d'un traitement anti-viral ». De plus, l’épidémiologiste soulève d’autres interrogations qui nécessiteraient d’aller plus loin : facteurs individuels de susceptibilité à prendre en compte, efficacité d’un tel traitement seulement chez les porteurs ApoE ε4…
Ce d’autant que de nombreux travaux en cours dans le monde continuent d’apporter des arguments en faveur d’un lien entre le virus de l’herpès et la MA. Parmi eux, les auteurs citent « une étude ayant montré que l'ADN du HSV1 était souvent associé à des plaques amyloïdes dans le cerveau de personnes décédées ayant reçu un diagnostic de maladie d’Alzheimer ». Ou d’autres ayant mis en évidence que « les personnes traitées pour une infection herpétique étaient moins susceptibles d'être diagnostiquées ultérieurement comme atteintes de la maladie d’Alzheimer ». Plus récemment, deux études (une menée au Pays de Galles et une autre menée en Australie par une équipe de Stanford Medicine) ont établi une association entre vaccination contre le zona et diminution du risque de développer une maladie d’Alzheimer. Catherine Helmer commente : « Une des hypothèses, c’est que cela pourrait en fait passer par l’herpès. Certains travaux ont montré que le virus varicelle-zona pourrait favoriser la réactivation de celui de l’herpès. »
*Devanand P et al., Antiviral Therapy : Valacyclovir Treatment of Alzheimer's Disease (VALAD) Clinical Trial
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