Les conséquences de l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) en pratique médicale restent à explorer. Une étude menée en Pologne apporte une esquisse de réponse, qui pointe un risque de moindres compétences des spécialistes.
Publié dans le Lancet Gastroenterology and Hepatology, ce travail s’est penché sur les données de quatre centres polonais spécialisés dans les endoscopies et coloscopies. L’étude observationnelle rétrospective a été menée sur les années 2021 et 2022, période où l’IA a été introduite dans ces centres pour la détection des polypes. Les chercheurs ont évalué la qualité des coloscopies réalisées trois mois avant et trois mois après la mise en œuvre de l'IA. Le critère d'évaluation principal était la variation du taux de détection des adénomes par coloscopie standard non assistée par IA, avant et après le déploiement de son utilisation.
Une alerte à confirmer
Au total, 1 443 patients (âge médian de 61 ans ; 58,7 % de femmes) ont été inclus : 795 avaient subi une coloscopie non assistée par IA avant l'introduction de l'outil et 648 après. Le taux de détection des adénomes est passé de 28,4 % avant à 22,4 % après l'exposition à l'IA, ce qui correspond à une différence absolue de – 6,0 %. Cette baisse laisse penser aux auteurs que l'usage de l'IA a dégradé, en quelques mois seulement, les capacités des spécialistes à identifier les tumeurs concernées.
Si cette première alerte sur le potentiel déclin des compétences mérite d’être confirmée par d’autres études, « les spécialistes des endoscopies auraient bien tort de négliger les résultats de cette étude », prévient le Dr Omer Ahmad dans un commentaire associé à l’étude, également publié dans le Lancet Gastroenterology and Hepatology. « Ces résultats nuancent l'engouement actuel à vite adopter des technologies à base d'IA », poursuit-il.
« Bien que l'IA en médecine offre des avantages significatifs, tels qu'une amélioration des taux de diagnostic, cette étude suggère que des risques découlent d'une dépendance excessive à son égard », commente Catherine Menon, maître de conférences au département d'informatique de l’université du Hertfordshire, sur le site du Science Media Centre.
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