L’étude française Aster 70s démontre que l’ajout d’une chimiothérapie à l’hormonothérapie n’apporte pas de bénéfice significatif de survie chez les femmes de 70 ans et plus atteintes d’un cancer du sein hormonosensible à haut risque génomique. Les résultats de cette étude sont publiés dans The Lancet.
« La question de l’intérêt de la chimiothérapie adjuvante chez les femmes âgées atteintes d’un cancer du sein hormonosensible est controversée. Aster 70s est la première étude randomisée de phase 3 à évaluer le bénéfice d’une chimiothérapie adjuvante dans cette population à haut risque, commente le Pr Etienne Brain, oncologue médical à l’Institut Curie et investigateur principal, dans un communiqué de presse d’Unicancer et de l’Institut Curie. Elle constitue un tournant dans la prise en charge des femmes âgées atteintes d’un cancer du sein. »
L’étude ASTER 70s a été conçue et coordonnée par Unicancer R&D en partenariat avec les équipes de l’Institut Curie. Elle a mobilisé les groupes de recherche Gerico et UCBG spécialisés en oncogériatrie et cancer du sein, et s’est appuyée sur 84 centres investigateurs publics et privés en France et en Belgique.
Avec la chimiothérapie, 1/3 de patientes avec des effets indésirables de grade 3
L’étude a inclus 1 089 patientes de 70 ans et plus atteintes d’un cancer du sein ER +/HER2- à haut risque génomique (testé avec le genomic grade index) randomisées pour recevoir, soit une chimiothérapie (trois options de régime) suivie d’une hormonothérapie (n = 541), soit une hormonothérapie seule (n = 548). Les patientes n’avaient jamais reçu de traitement systémique et avaient préalablement subi une chirurgie ; parmi les participantes, 40 % étaient considérées comme fragiles (score G8). À quatre ans, le taux de survie était de 90,5 % dans le groupe chimiothérapie contre 89,3 % dans le groupe sans chimiothérapie. À huit ans, les taux étaient respectivement de 72,7 et 68,3 %, « une différence de 4,5 points à huit ans non statistiquement significative », commentent les auteurs. Ainsi, après un suivi médian de 7,8 ans, les résultats montrent que l’ajout de la chimiothérapie n’apporte pas de bénéfice significatif en termes de survie globale.
De plus, la chimiothérapie adjuvante s’est révélée significativement plus toxique que l’hormonothérapie seule avec 34 % d’effets indésirables de grave 3 dans le bras chimiothérapie + hormonothérapie (contre 9 %). Les patients ayant reçu une chimiothérapie « ont rapporté une détérioration plus marquée de leur qualité de vie, notamment en lien avec la fatigue, les douleurs, les troubles digestifs et une baisse de l’autonomie ».
Les seniors, exclues des grandes études
Pour les auteurs, l’étude montre que « les décisions thérapeutiques doivent tenir compte non seulement de la biologie tumorale, mais aussi de l’âge, de la fragilité et des attentes des patientes » et incite « à réviser la manière dont les standards établis chez les sujets plus jeunes sont ensuite appliqués chez les sujets plus âgés sans niveau de preuve élevé ou avec peu de garde-fous ».
De surcroît, ces résultats « appellent à privilégier une stratégie de désescalade thérapeutique raisonnée chez ces patientes âgées, en réservant la chimiothérapie adjuvante à des cas spécifiques. Ils ouvrent également la voie à de futures recherches sur des alternatives mieux tolérées, comme les bisphosphonates adjuvants, les inhibiteurs de CDK4/6, ou des approches intégrant des biomarqueurs du vieillissement du patient ».
« Ce travail collectif va permettre de réduire les traitements inutiles et d’améliorer la qualité de vie des patientes âgées, en s’appuyant sur des données robustes et représentatives de la vraie vie », a déclaré le Pr Jean-Yves Blay, président d’Unicancer. Et le Pr Steven Le Gouill, directeur de l’Ensemble hospitalier de l’Institut Curie, de faire remarquer que « les patientes les plus âgées sont souvent exclues des grandes études ».
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