Le régime méditerranéen réduit la présence de métabolites associés à un risque augmenté de maladie d’Alzheimer chez les porteurs homozygotes du gène de prédisposition APOE4, selon une étude américaine. Les chercheurs y ont mis au jour une association entre 49 métabolites et le risque de démence, qui varie en fonction des génotypes.
« Le régime méditerranéen est le seul dont le lien causal avec des bénéfices cognitifs a été démontré dans des essais cliniques randomisés, explique la première autrice de l’étude, Yuxi Liu, chercheuse au Brigham and Women's Hospital. Nous avons souhaité savoir si ces bénéfices diffèrent en fonction du génome des individus et examiner le rôle des métabolites sanguins dans ce cadre. » Les résultats sont publiés dans Nature Medicine.
49 métabolites modulent le risque de démence
L’équipe de recherche a analysé les données de plusieurs cohortes prospectives incluant 4 215 femmes et 1 490 hommes, d’ascendance européenne, suivis entre 1989 et 2023. Les scientifiques ont évalué leurs habitudes alimentaires à long terme et les ont mis en regard d’un large spectre de métabolites sanguins.
Parmi les 49 associations métaboliques identifiées, les esters de cholestérol et la sphingomyéline induisaient un surrisque de démence pour tous les groupes de prédisposition génétique, mais l’effet le plus significatif était observé pour l’homozygotie ApoE4. L’allèle promeut en effet l’accumulation du cholestérol et de ses esters dans le cerveau, activant des voies inflammatoires qui exacerbent les dommages neuronaux et contribuent à l’accumulation de plaques amyloïdes et des agrégats de protéine tau. À l’inverse, un niveau élevé de glycérides réduit la délipidation des graisses protectrices et limite l’agrégation d’ApoE et la formation de plaques amyloïdes.
La bétaïne plasmatique était associée à un surrisque de démence seulement pour l’homozygotie ApoE4, reflétant à la fois l’apport alimentaire et l’activité métabolique du « one-carbone » (1C). L’effet protecteur observé chez les porteurs hétérozygotes et les non-porteurs de l’allèle refléterait le bénéfice de la bétaïne exogène pour la santé cognitive, alors que dans l’homozygotie, elle indiquerait un déséquilibre de la méthylation et une dérégulation métabolique. Des métabolites étaient associés au risque de démence pour certains génotypes (comme l’acide diméthylguanidino-valérique avec l’allèle APP rs2154481-C).
Le régime méditerranéen plus efficace pour l’homozygotie ApoE4
Le régime méditerranéen réduit l’apport exogène de métabolites délétères, particulièrement via l’inclusion de noix, fruits et graisses mono-insaturées dans l’alimentation. Ainsi, les personnes suivant ce régime développent moins fréquemment de maladie d’Alzheimer et le déclin cognitif est ralenti. Comparée aux autres variants génétiques, c’est l’homozygotie ApoE4 qui bénéficie le plus du régime méditerranéen.
« Cette recommandation diététique s’applique à la population générale mais est d’autant plus importante pour les personnes à haut risque génétique de démence », commente Yuxi Liu. Et la chercheuse d’ajouter : « Dans de futurs travaux, nous souhaitons étudier si le ciblage de métabolites particuliers à travers l’alimentation ou d’autres interventions permet une approche plus personnalisée pour réduire le risque de démence ».
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