Champion du monde de nage hivernale du 200 m brasse (par catégorie), triple recordman de France du 1 000 mètres dans une eau proche de zéro degré, le Dr Alexandre Fuzeau, médecin généraliste en Normandie, a œuvré pour que la nage en eau glacée (moins de 5 °C) obtienne ses lettres de noblesse en France. C’est chose faite le 26 octobre 2021. La France devient le premier pays à reconnaître officiellement la nage en eau glacée comme sport à part entière « J’ai cosigné cette reconnaissance avec le président de l’UNSS (Union nationale du sport scolaire) et celui de la Fédération française de natation, raconte-t-il avec émotion. Il a fallu la faire passer de la catégorie “hobbie” à celle de sport d’élite. »
Ce passionné de triathlons, d’ultra-trails et d’autres défis extrêmes découvre son appétence pour le froid en 1993. Alors jeune interne, il effectue un tour du monde en stop ; Paris, la Sibérie, le Kazakhstan, la Chine, puis le Canada, les États-Unis, le tout à l’époque sans GPS ni téléphone portable. Un exploit homologué par le livre Guiness des records. « Je me suis rendu compte que je fonctionnais mieux dans le froid et les efforts d’endurance », se souvient le Dr Fuezau, aujourd’hui âgé de 59 ans. De fil en aiguille, il commence la compétition en mer, et se retrouve en Angleterre « en maillot de bain, dans une mer à 2 °C, en plein mois de janvier ». La nage en eau froide lui procure un état de « pur bonheur ». La discipline nourrit également sa curiosité médicale : « C’est un univers particulier. La compréhension physiologique s’allie à l’exploration des capacités mentales, et au dépassement de soi. »
Un sport qui allie conditions physique et mentale
Selon le Dr Fuzeau, ce sport d’endurance combine un effort intense avec les contraintes liées au froid. Il y a vu, dès les débuts de cette pratique, une opportunité de mieux comprendre les limites du corps humain. Fondateurs de plusieurs associations, il a tenu à sécuriser une pratique qui est loin d’être sans risque : « C’est mon rôle de médecin. Quand ce qui se passe au niveau physiologique est compris, l’encadrement et la protection des athlètes peuvent être optimisés. »

L’effort fourni va au-delà de celui produit pendant la nage. « Je suis resté 40 minutes en hypothermie, dans une eau à 3 °C. Après un marathon, un sportif peut s’écrouler, l’épreuve est finie. Mais après la nage, il n’a parcouru que la moitié du chemin : il lui reste encore à se réchauffer. »
Fort de 15 ans de pratique dans cette discipline, le médecin a écrit un ouvrage sur le sujet : « Ice Doc » (Thebookedition.com, 308 pages, 2024). Selon lui, dans ce sport à 50 % mental, les vétérans ont un avantage car ils sont plus enclins à explorer et repousser leurs limites. Et ce sont souvent les nageurs en eau libre qui souhaitent explorer cette discipline plus extrême.
« C’est une forme de vaccination naturelle, estime-t-il, car elle stimule l’ensemble des organes. Ses bienfaits sont clairs : la libération de cortisone et de noradrénaline produit un effet très stimulant. Les études confirment d’ailleurs de nombreux effets positifs à condition, bien sûr, de respecter une activité équilibrée. » Le rêve ultime du Dr Alexandre Fuzeau ? Voir son sport figurer un jour aux Jeux olympiques : « Ce serait la consécration absolue. »
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