« On refuse vingt personnes par jour. » À Lassigny, village de 1 500 habitants au cœur du département de l’Oise, le Dr Waldemar Lestienne est seul à tenir la barre.
Ce généraliste de 67 ans pousse un cri d’alerte dans les colonnes du journal Oise Hebdo, ce 14 août. Il y a vingt ans, la commune pouvait compter sur cinq médecins ; il y a dix ans, sur trois ; aujourd’hui, le Dr Lestienne est le dernier. « Nous ne sommes pas assez d’humains sur le terrain. Il y a de l’argent mais plus de médecins. C’est comme si vous aviez une compagnie aérienne, vous donnez des avions mais il n’y a pas de pilote », constate-t-il, désabusé.
« Se protéger en tant que médecin »
Le Dr Lestienne exerce dans une maison médicale avec une orthophoniste, une podologue et une naturopathe. Sa patientèle atteint 1 700 personnes, dans un département où l’Institut national de la statistique et des études économiques recense moins de 275 médecins pour 100 000 habitants. « Il faut se protéger en tant que médecin, insiste-t-il. Nous sommes humains, nous avons besoin de souffler, nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde. »
Comme seul soutien, le Dr Lestienne peut compter sur les internes qu’il encadre en sa qualité de maître de stage. « Tout seul, je ne m’en sortirai pas », souffle-t-il. Les jeunes pousses voient 15 patients et lui une trentaine. « Il y a dix ans, on avait moins de patients, on les connaissait mieux. Aujourd’hui, les patients dont je suis le médecin traitant, je ne les connais pas. C’est un problème pour le traitement des dossiers médicaux », se désole-t-il.
Et demain ? Le Dr Lestienne envisage de continuer en fonction des prochaines élections municipales et des conditions de travail que lui offrira la nouvelle équipe. Transmettre sa patientèle à l’un de ses internes ? Il n’y croit pas. « Ils viennent de grandes villes et ne restent que quelques mois. Ils préfèrent s’installer là où ils ont déjà leur vie. »
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