Si l’administration de corticoïdes en association avec un traitement antibiotique améliore l'évolution de la pneumocystose sévère chez les patients séropositifs pour le VIH, aucune donnée n’était jusqu’ici disponible pour les patients immunodéprimés séronégatifs. Alors que la pneumonie à Pneumocystis jirovecii est associée à un taux de mortalité hospitalière de 30 à 50 % dans cette population, une étude française apporte des éléments en faveur d’un recours aux corticoïdes.
Coordonné par la Dr Virginie Lemiale et le Pr Elie Azoulay du service de réanimation de l’hôpital Saint-Louis (AP-HP) et réalisé dans 27 hôpitaux français, un essai contrôlé randomisé, multicentrique, en double aveugle a été mené auprès de patients atteints d'insuffisance respiratoire aiguë, âgés de 18 ans ou plus, présentant une hypoxémie légère à sévère, une pneumonie à P. jirovecii documentée microbiologiquement et un traitement anti-Pneumocystis d'une durée inférieure à 7 jours. Les résultats sont publiés dans le Lancet Respiratory Medicine.
Une amélioration de la survie marquée à 90 jours
Au total, l’essai a inclus 226 patients (114 dans le groupe placebo et 112 dans le groupe corticothérapie). La quasi-totalité des patients (95 %) étaient en unité de soins intensifs ou en soins intermédiaires au moment de la randomisation. Le délai médian entre le diagnostic de pneumonie à P. jirovecii et le début de la corticothérapie était de 3 jours. Les patients ont reçu le traitement expérimental pendant 13 jours (de 7 à 20 jours).
À 28 jours, le taux de mortalité toutes causes était de 32,4 % dans le groupe placebo contre 21,5 % dans le groupe corticoïdes. « Aucune différence significative n'a été observée en termes de tolérance entre les groupes, en particulier pour les infections secondaires (34,2 % dans le groupe placebo, contre 23,4 %) ou les besoins en insuline (22,5 % contre 30,8 %) », est-il relevé. À 90 jours, l’écart s’est creusé avec un taux de mortalité à 28 % dans le groupe corticoïdes contre 43 % chez les contrôles.
Si la diminution de la mortalité n’a pas atteint la significativité à 28 jours mais seulement à 90, ces résultats sont favorables à l’utilisation des corticoïdes dans la prise en charge de la pneumocystose sévère chez les patients immunodéprimés non VIH.
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