Sortir des déclarations d’intention et des campagnes d’image générique pour au contraire appliquer des mesures concrètes d’attractivité médicale pour encourager les installations de généralistes – libéraux comme salariés – et améliorer les conditions d’exercice à court terme : c’est la stratégie payante que déploie la ville de Cholet (et son agglomération) avec un plan triennal (2024-2026) qui se veut « lisible et structuré ».
« Comme de nombreuses collectivités, Cholet est confrontée à la diminution progressive du nombre de médecins en exercice, notamment en médecine générale. Ici, la pénurie médicale n’est pas traitée comme une fatalité, mais comme un enjeu de structuration territoriale », revendique la ville. Les enjeux sont lourds : quelque 7 000 personnes sont privées de médecin traitant et même 13 000 sur l’agglomération.
Cinq ans sur place exigés !
Le premier axe, en espèces sonnantes et trébuchantes, est une politique d’aides financières ciblées avec trois leviers mobilisables sous conditions pour soutenir l’installation et le maintien des praticiens sur le territoire en tension des 13 communes concernées*.
La première subvention est une incitation forfaitaire à l'installation en ville, destinée aux généralistes libéraux (ouverte aussi au médecin collaborateur ou assistant collaborateur), jusqu’à un maximum de 32 000 euros (selon la situation du praticien). En contrepartie, le médecin s'engage à exercer « au minimum cinq ans » dans la zone d’action complémentaire (ZAC).
La ville prévoit ensuite une « aide au maintien » des cabinets libéraux confrontés au départ d'un confrère de l’équipe. Le montant de l'aide est ici plafonné à 30 000 euros, sans pouvoir dépasser la somme restant à la charge effective des autres praticiens du cabinet (pour sa reprise) à la suite du départ du médecin non remplacé. En contrepartie, la structure s'engage à maintenir son activité au minimum cinq ans dans la ZAC.
Enfin, pour fidéliser les plus jeunes, la municipalité octroie une indemnité d'étude et de projet professionnel à destination des étudiants et internes de médecine générale, d'un montant maximum de 4 800 euros par an. Là encore, c’est donnant-donnant : l'étudiant s'engage à exercer en tant que généraliste (libéral ou salarié), dans la ZAC, au minimum cinq ans. À noter que ces aides sont cumulables avec les incitations nationales de l’Assurance maladie ou les dispositifs zonés pilotés par l’ARS.
600 000 euros sur trois ans
Au total, le budget alloué, déjà adopté par l’agglomération, est de 200 000 euros par an, soit 600 000 euros HT sur les trois années du plan d’attractivité, le plan courant jusqu’au 31 décembre 2026.
Mais ce n’est pas tout. Parallèlement au volet des aides financières, la commune a misé sur le salariat direct en déployant début 2025 – à l’instar d’autres collectivités – un centre municipal de santé (CMS), qui abrite déjà neuf cabinets médicaux (pour l’instant dans des locaux provisoires), un espace partagé et des bureaux de coordination. Sur la base du début de grille hospitalière, les généralistes sont embauchés autour de 4 200 euros, exercent en secteur 1, avec un temps médical sécurisé et sans charges de structure. Le CMS accueille également des internes et s’inscrit dans une logique de partenariat universitaire avec deux maîtres de stage. Là encore, le pari est d’ancrer le territoire choletais dans un réseau médical alliant le soin, la formation et la recherche.
« On voulait mettre en place une stratégie cohérente sur le plan territorial, sans concurrence entre les petites communes, on a donc regardé toutes les pistes possibles à l’échelle de l’agglomération, contextualise le Dr Antoine Rameh, conseiller municipal délégué à la santé et ancien chirurgien hospitalier. Trop souvent, chaque maire de village fait sa propre maison médicale et on aboutit à des coquilles vides ». Et ça commence à payer : avec ce dispositif, avance l’élu, « on a installé six généralistes en 2025 ».
Cholet, Bégrolles-en-Mauges, Le May-Sur-Evre, Mazières-en-Mauges, Nuaillé, La Romagne, Saint-Christophe-du-Bois, Saint-Léger-Sous-Cholet, La Séguinière, La Tessoualle, Toutlemonde, Trémentines et Vezins.
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