Débiter le compte bancaire d'un fraudeur ou géolocaliser les transports sanitaires : Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, dévoile le 2 août dans Le Parisien les axes du projet de loi contre la fraude sociale attendu à l'automne.
Le gouvernement souhaite que ce texte, qui « comportera aussi des mesures de lutte contre la fraude fiscale » qui seront dévoilées par la ministre en charge des Comptes publics, soit « débattu au Parlement à la fin du deuxième semestre », expose Catherine Vautrin.
En présentant mi-juillet son plan d'économies de 43,8 milliards d'euros en 2026 pour réduire le déficit public, le Premier ministre François Bayrou avait notamment évoqué la fraude aux aides publiques. La « fraude sociale est une trahison de celles et ceux qui cotisent pour financer notre modèle social », appuie Catherine Vautrin. Le préjudice est estimé à « 13 milliards d'euros » en 2024, ajoute la responsable politique.
La ministre souhaite par exemple que « les caisses de Sécurité sociale aient accès à l'ensemble du patrimoine du bénéficiaire » des prestations sociales pour « s'assurer qu'il n'a pas des revenus non déclarés ». Ce projet de loi devra aussi « améliorer les capacités de recouvrement sur les allocations chômage ».
Vers un remboursement des indus
En cas de « fraude avérée », il serait ainsi possible de « demander le remboursement de l'intégralité des sommes indûment perçues, ce qui n'était pas possible aujourd'hui pour le dispositif d'aide au retour à l'emploi, par exemple », détaille-t-elle.
« Si cela ne suffit pas, nous pourrons également récupérer l'argent dû en débitant le compte bancaire du fraudeur », précise la ministre. Les transporteurs sanitaires devraient par ailleurs « se doter d'un dispositif de géolocalisation et d'un système électronique de facturation intégrée, afin de garantir l'exactitude des kilomètres facturés », éclaire la Rémoise.
Le gouvernement veut aussi que l'assurance chômage « soit uniquement versée sur un compte bancaire situé en France ou dans l'Union européenne ». Enfin, de « la même manière que le ministère de l'Économie impose les trafiquants sur les quantités de drogue saisies, nous allons nous aussi les taxer davantage », annonce Catherine Vautrin.
Le texte majorerait ainsi la CSG (contribution sociale généralisée) perçue au titre d'activité illicite avec un taux à 45 %. Aujourd'hui, pour un trafiquant inquiété, aux « revenus illicites d'une valeur de 100 000 euros, la Sécurité sociale ne peut récupérer que 9 200 euros au titre de la CSG ». « Avec un taux à 45 %, on récupérera 45 000 euros », promet Catherine Vautrin.
Statu quo pour la taxe lapin
Interrogée sur l’avenir de la taxe lapin, censuré en février par le Conseil constitutionnel, Catherine Vautrin a rappelé être convaincu que les rendez-vous non honorés par les patients relèvent d’un « manque de respect pour les professionnels de santé » et sont synonymes de « perte de chance pour celui qui n’a pas de rendez-vous ». « Sur le principe, [la taxe] est une bonne idée, a-t-elle ajouté. La question, c’est comment on l’adopte et comment on l’applique. » Reste à trouver la réponse.
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