Plus que l’agression, c’est la condamnation qui fait vivement réagir une vingtaine de syndicats et d’associations de médecins et paramédicaux* ce mercredi 6 août 2025. Cinq jours plus tôt, un homme de 28 ans, habitant de Tomblaine (Meurthe-et-Moselle), a été condamné par la justice à une amende de 900 euros et à 1 000 euros de dommages et intérêts pour le préjudice moral.
La raison de cette peine ? Sa violente agression envers une infirmière libérale, le 28 juillet, alors qu’elle effectuait sa tournée. La jeune femme de 36 ans a été frappée à plusieurs reprises au visage par son agresseur, alcoolisé, alors qu’elle venait de rentrer dans sa voiture, a révélé « L’Est Républicain ». Elle s’est vu prescrire quatre jours d’ITT.
Le prévenu a réussi à échapper à la prison grâce au travail de la défense, qui a soutenu qu’il ne connaissait pas le statut de professionnelle de santé de la victime, qui ne portait pas de blouse. Le délit a alors été requalifié en contravention après que le tribunal a écarté la circonstance aggravante de violences sur personnel soignant. Le parquet avait pourtant requis 18 mois de prison dont 12 mois ferme.
Quid de l’application de la loi Pradal ?
Ce verdict a provoqué l’indignation et la sidération parmi la communauté soignante. Réunies en collectif, les organisations de soignants libéraux, pour qui l’agression était préméditée, apportent leur « plein soutien » à leur collègue.
Surtout, ils s’insurgent du peu de considération qui est fait aux soignants à quelques semaines du vote de la loi Pradal, qui renforce la réponse pénale en cas d’agressions envers les personnels hospitaliers et libéraux. « Ce jugement est un signal désastreux, écrivent-ils par voie de presse : une prime à la récidive qui banalise la violence envers les soignants. » Selon eux, « un État, dont la justice est incapable de protéger ses soignants, est un État qui perd ses repères, victime d’une inversion des valeurs ».
Le collectif réclame au ministère de la Justice l’application de la loi Pradal. « L’application systématique de peines fermes et exemplaires pour toute agression physique contre un soignant sur ses horaires de travail et/ou si l’agression est liée à son statut de soignant » doit devenir une réalité, insistent médecins, infirmiers et kinés.
Ils militent pour « la reconnaissance officielle de la dangerosité croissante du métier de soignant libéral et la mise en place de mesures de protection renforcées ».
Enfin, ils demandent pour les infirmières libérales la possibilité de faire valoir leur droit au retrait.
En 2023, les violences à l’encontre des médecins ont augmenté de 27 % par rapport à 2022 avec 1 581 fichiers de déclaration d’incidents recensés par l’Observatoire national de la sécurité des médecins. 72 % des agressions concernaient des libéraux.
* Collectif du 12 mars, Convergence infirmière, Onsil, SNDIL, SNPI, Intercollectif Padhue, Ipadecc, UFML, SML, MG France, Syndicat de kinésithérapeutes Alizé, Médecins pour demain, InterComeli, syndicat Médecins Secteur 3, SOS Médecins France, FMF, CSMF, Avenir Spé-Le Bloc, FSPF, ONSSF
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