C’est en 2003 que Rémy Lemarchand démarre ses études médicales. Après un DESC de médecine d’urgence, il rejoint en 2012 le CHU de Besançon. Mais, très vite, sa passion du voyage – il est le fils d’un pilote – le conduit à exercer dans les terres australes et antarctiques françaises, à Saint-Pierre-et-Miquelon, à La Réunion ou encore à Wallis-et-Futuna.
Revenu en Normandie fin 2023, il conjugue aujourd’hui une activité de médecin remplaçant au centre hospitalier Eure-Seine et de « transporteur » pour la compagnie World Med Assistance, basée à Paris. « Je me rends partout dans le monde pour accompagner et sécuriser le transport de personnes nécessitant un rapatriement sanitaire. Dans 90 % des cas, nous utilisons des avions de lignes commerciales, majoritairement ceux d’Air France compte tenu du nombre de destinations couvertes. Seuls 10 % des cas nécessitent le recours à un avion sanitaire privé », explique-t-il.
Client régulier d’Air France, c’est tout naturellement que le Dr Rémy Lemarchand adhère à la Communauté des médecins à bord, créée par la compagnie en 2023. Cet engagement signifie que, dès l’embarquement, hôtesses et stewards connaissent son numéro de siège et savent qu’ils pourront faire appel à lui en cas de besoin. « La très grande majorité des vols comportent un médecin ou un professionnel paramédical qui disposeront, si la situation l’exige, du matériel mis à disposition dans l’avion, poursuit-il. Cet équipement varie en fonction de la longueur du vol et du nombre de passagers mais il permet de prendre en charge toutes sortes d’urgences, de la bobologie à l’arrêt cardiaque. Nous disposons par exemple d’un défibrillateur et de dispositifs de réanimation légère. En cas de besoin, je peux poser une voie intraveineuse et injecter des médicaments. »
Depuis son entrée dans la Communauté, le Dr Rémy Lemarchand est intervenu une quinzaine de fois, sans « heureusement » avoir été confronté à des situations graves. « Il s’agit le plus souvent de malaises vagaux liés à la fatigue, à une légère déshydratation, à l’immobilisation ou encore au fait d’avoir trop mangé ou trop bu d’alcool. Le passager se lève pour aller aux toilettes et… il chute. Je vérifie bien entendu que la situation ne cache rien de plus grave », témoigne le médecin.
Et si c’était le cas ? A-t-il le moyen d’imposer un atterrissage en urgence ? « Dans un avion, il n’y a qu’un seul patron : le commandant de bord, explique-t-il. Si j’estime que l’appareil doit être dérouté parce que j’ai identifié une situation critique – des signes d’infarctus alors qu’il reste plusieurs heures de vol par exemple –, je vais immédiatement lui parler. Il ne remettra évidemment pas en cause le bien-fondé de ma demande mais devra respecter certains protocoles. Et c’est lui qui choisira l’endroit où se poser en fonction du plateau technique mais aussi des données de sécurité. »
Si j’estime que l’appareil doit être dérouté parce que j’ai identifié une situation critique, je vais immédiatement parler au commandant de bord
Exercer la médecine en altitude – « en milieu hostile et isolé », comme il le définit lui-même – passionne le Dr Rémy Lemarchand. « Qu’il s’agisse de rapatriement sanitaire ou de secours à apporter sur un vol commercial, cette activité me permet de sortir de mon quotidien de médecin hospitalier et m’oblige à quitter ma zone de confort. À bord, vous êtes seul avec un patient et votre matériel. C’est un challenge personnel extrêmement intéressant », reconnaît-il.
S’adapter à la physiologie humaine en altitude
Par ailleurs, la médecine aéronautique l’a aussi toujours intéressé. « La physiologie humaine change en altitude. Ce qui nous oblige à maîtriser les notions d’oxygénation, l’impact des vibrations ou encore de la sécheresse de l’air. Ces éléments, qui sont anodins pour la majorité d’entre nous, peuvent vite représenter un danger pour des passagers présentant des comorbidités, souligne-t-il. En cas de risques de décompensation de pathologies sous-jacentes, il est d’ailleurs préférable de ne pas monter à bord. Si un passager se sent mal au moment de l’embarquement, je peux être amené à le convaincre de renoncer à son voyage car à bord, je ne pourrai pas tout faire. Mieux vaut agir avant d’être à 36 000 pieds ! »
En cas d’intervention, les médecins de la Communauté des médecins à bord sont couverts en responsabilité civile par une assurance souscrite par Air France en complément de leur assurance professionnelle personnelle et ils reçoivent, à titre d’indemnisation, des miles offerts par la compagnie en fonction de la nature et de la durée de l’intervention. « Nous n’avons aucune obligation contractuelle envers la compagnie. Si notre situation personnelle ne nous permet pas d’intervenir dans les meilleures conditions, il est souvent possible de s’appuyer sur l’un des 6 000 autres membres la Communauté », conclut-il.
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