Le « mur des cons » avait secoué la justice ; la fresque de Clermont-Ferrand a ébranlé la médecine.
Publiée sur Facebook, la photo d’une scène orgiaque mettant en scène cinq super-héros, et à laquelle avaient été récemment ajoutées des bulles contre le projet de loi de santé, a déclenché un tsunami médiatique. Osez le Féminisme a dénoncé « une incitation à dégrader des femmes ». La ministre de la Santé a condamné une fresque « particulièrement choquante » tandis que son entourage, croyant reconnaître Marisol Touraine dans la peau de Wonder Woman en mauvaise posture, évoquait une « incitation au viol inacceptable ». Rejetant en bloc cette interprétation, l’ISNI a déposé plainte pour « diffamation » (voir interview page 3).
Le doyen de la faculté de médecine de Clermont-Ferrand a décidé de faire effacer la fresque, peinte 14 ans auparavant. « On me reproche de ne pas soutenir les traditions paillardes et d’être du côté d’une ministre de gauche. Mais je veux juste défendre les règles de la démocratie, a déclaré le Pr Jean Chazal dans un entretien à « Libération ». [...] Si les salles de garde sont des défouloirs pour des médecins qui côtoient la mort chaque jour, ça n’autorise pas à tout et à n’importe quoi. »
Esprit de corps
À Montpellier, ils étaient 200 à manifester pour soutenir le camarade qui avait diffusé la photo de la fresque, et demander qu’il ne soit pas sanctionné. « Cette fresque a été réalisée dans un internat, un lieu privé où la liberté d’expression est la règle, et elle n’aurait jamais dû entrer dans la sphère publique », confie un doyen au « Quotidien ».
Auteur d’une thèse sur l’histoire de l’internat de Montpellier, le Dr Philippe Cathala a rédigé une lettre ouverte pour défendre la tradition carabine. Il dit avoir reçu près de 400 messages de soutiens de conseillers ordinaux, de PH et de PU-PH. Le médecin légiste au CHU montpelliérain voit dans les peintures murales de salle de garde une « célébration de la victoire de la vie contre la maladie et la mort ». « Il n’y a pas dans ces fresques d’apologie de crime ni de violence sexiste. Dans la totalité de ces représentations, tout le monde sourit et participe gaiement. » L’ancien président de l’internat Montpellier estime que les salles de garde ont un « intérêt de santé publique » car elles fédèrent les médecins : « C’est là que se créent les relations confraternelles, et où ont lieu les échanges qui concourent à la prise en charge du patient. Les traditions carabines participent de cet esprit de corps et les fresques font partie du décorum. Les effacer serait une erreur politique majeure ».
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