« Ne me parle plus jamais de politique. Je ne te le permets pas. Restons dans un cadre de médecin à patient. S’il te plaît, reste à ta place… C’est la dernière fois que je te le dis. » Vendredi 15 août, à 10 heures 36, le Dr Saïd Ouichou, généraliste installé dans l’un des quartiers nord marseillais reçoit un SMS du député de La France Insoumise (LFI) de la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône, Sébastien Delogu, dont il est également le médecin traitant depuis plusieurs années.
Le député, proche de Jean-Luc Mélenchon, répond, à son retour d’un voyage parlementaire, à un message cordial du Dr Ouichou, dont l’ambition pour les élections municipales ne fait plus de secret. Ses affiches de précampagne, exhibant son portrait et le slogan « Ensemble, prenons soin de Marseille » fleurissent dans les 15e et 16e arrondissements de la cité phocéenne.
Problème et motif du message de l’omnipraticien : ses affiches sont systématiquement recouvertes par celles de l’ancien chauffeur de taxi insoumis. « C’est à nous de montrer l’exemple. Je t’invite donc à faire en sorte que tes équipes respectent ce principe de courtoisie républicaine. Nous pouvons défendre nos idées avec force, sans pour autant mépriser le travail des autres. Restons à la hauteur des enjeux pour nos concitoyens », lui écrit-il.
Salir la fonction
Alors, quand le Dr Ouichou reçoit ce message qu’il juge sec et menaçant de la part de Sébastien Delogu, il décide de déposer une main courante au commissariat, soutenu par ses proches. Dans sa déclaration, dont Le Quotidien a eu copie, il affirme avoir reçu « un message assez intimidant » et ne pas se sentir « en sécurité ». Une façon de « laisser une trace », via cette main courante. « Sait-on jamais », a-t-il expliqué devant les policiers, alors que l’élu LFI marseillais a déjà été condamné en début d’année pour violences volontaires sur des membres du personnel de l’Éducation nationale.
« J’aimerais qu’il puisse s’excuser. Ses mots ont peut-être dépassé sa pensée. Nous n’avons jamais été fâchés, j’ai une relation normale avec lui. Nous nous respectons et avons même déjà déjeuné ensemble », confie-t-il auprès du Quotidien.
« Je ne m’attendais pas du tout à sa réaction : elle m’a vraiment surpris. S’il m’avait appelé ou envoyé un message respectueux en disant que c’était le jeu, j’aurais compris. Mais un tel message, émanant d’un député de la République, avec des méthodes de campagne agressives et violentes, ce n’est pas constructif. Où est l’exemplarité ? Quand on parle comme il le fait, on salit la fonction », assène le généraliste. « Cette violence, présente partout, est le cancer de notre société, il faut la chasser ! », s’exclame avec force l’une des figures de proue du Collectif du 12 mars, (contre la violence contre les soignants) qui a été victime d’une brutale agression à son cabinet en août 2024.
Une offre alternative aux extrêmes
Déterminé, le Dr Ouichou ne compte pas pour autant abandonner son engagement dans les élections municipales de 2026, dont les contours devraient être dévoilés courant septembre. Pour l’heure, il est actif au sein du mouvement « Marseille à cœur » avec le chef de service de chirurgie cardiaque adulte à l’AP-HM, le Pr Frédéric Collart, déjà conseiller départemental.
« Il ne s’agit pas de faire gagner un parti politique, mais les Marseillais modérés, en proposant une offre alternative à l’extrémisme », explique l’omnipraticien, qui compte, notamment, favoriser et accompagner l’installation des soignants dans les Quartiers Nord, en mettant à leur disposition des locaux et un secrétariat.
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