Ils n’ont jamais été aussi populaires. L’entrée en vigueur en novembre 2026 de la réforme de la quatrième année (4A) d’internat de médecine générale a rappelé à quel point les maîtres de stage universitaires étaient rares et précieux dans l’encadrement des futurs docteurs juniors.
Aujourd’hui, le nombre de MSU en médecine générale, en progression, se situe à 14 000. Le gouvernement espère parvenir à recruter et à former suffisamment de généralistes pour avoir « en stock » 15 000 MSU d’ici à novembre 2026.
En mai, le ministre de la Santé, Yannick Neuder, a donné des gages financiers significatifs à la profession pour que ce statut soit suffisamment attractif et que la réforme de la 4A ne prenne pas l’eau faute d’encadrants.
Alors que les textes réglementaires de la réforme sont toujours dans les tuyaux administratifs, la lecture du dernier rapport d’activité 2024 de l’Agence nationale du DPC (ANDPC) éclaire cet enjeu de chiffres et de cartes actualisés sur la formation des MSU – l’agence étant chargée de leur apprentissage à la maîtrise de stage.
Pour rappel, devenir MSU demande à exercer depuis au moins un an pour pouvoir accueillir un étudiant en 2e cycle (en 4e ou 5e année), des stagiaires de 3e cycle (entre la 7e et la 9e année) et, donc, des docteurs juniors. Le candidat MSU doit suivre un enseignement pédagogique qui s’inscrit dans le cadre du développement professionnel continu (DPC). Une fois formé, le MSU est chargé, selon l’esprit du compagnonnage, de transmettre ses connaissances, ses compétences et sa vision du métier aux jeunes pousses.
Plus de 1 300 nouveaux médecins en formation initiale
Pour 2024, l’enveloppe allouée à la formation des MSU était de 8,15 millions d’euros. Seule la moitié (55 %) de la somme a été utilisée.
D’une année sur l’autre, l’offre s’est étoffée. Dans le langage de l’ANDPC, il existe 16 « actions » [programmes, NDLR] de formation initiale proposées par neuf organismes (permettant aux médecins de devenir MSU pour un des deux cycles ou tous cycles confondus) et 6 actions de formation continue proposée par deux organismes pour les médecins d’ores et déjà MSU qui veulent maintenir leurs compétences.
Fin 2024, 1 367 médecins étaient inscrits à des actions de MSU en formation initiale (+ 37 % par rapport à 2023), et 447 en formation continue (- 50 %). Les pouvoirs publics estiment que 1 000 inscriptions annuelles sont nécessaires en formation initiale pour assurer l’encadrement des étudiants en médecine. L’objectif est, de ce côté, largement atteint.
En revanche, l’analyse géographique par département de la formation des MSU va dans le sens des internes en médecine générale, qui craignent pour beaucoup que le nombre de maîtres de stage ne soit pas suffisant dans les territoires les plus reculés et les moins bien lotis en médecins de premier recours habilités pour devenir MSU.
Former en présentiel
La carte ci-dessous montre effectivement, dans certains départements, une superposition entre faible densité de médecins éligibles et taux de formation à la maîtrise de stage « minime (Creuse, Cantal, Aube, etc.) voire inexistant (Ariège, Lot, Aveyron, etc.) », indique l’Agence. « Ce taux, souvent couplé à une offre presque inexistante dans ces territoires (aucune session recensée en Creuse, Cantal, Ariège, Aveyron, et/ou éloigné d’un département doté d’un lieu de session), questionne directement sur l’accessibilité de la formation à la MSU (ces dernières se déroulant le plus souvent en présentiel) », s’inquiète-t-elle à son tour.

Pour autant, estime l’Agence, il n’y a pas de quoi en faire une vérité générale. Car la carte montre aussi des poches où le nombre de médecins éligibles est certes faible, mais l’offre de formation en revanche bien présente – ce qui est de bon augure pour la réforme de la 4A en général et la formation à la maîtrise de stage en particulier.
Ainsi, c’est le cas du Lot-et-Garonne, de l’Indre, du Jura, de la Haute-Saône, du Cher ou encore des Hautes-Alpes. Pourquoi ? « L’analyse montre une forte corrélation entre le niveau d’engagement actuel et les dynamiques antérieures, indique l’Agence. Les départements historiquement moteurs continuent de capter l’essentiel des nouveaux engagements. »
Du souci à se faire dans la Meuse, le Tarn, l’Ariège, l’Aveyron et la Lozère
Reste que plusieurs territoires de la diagonale du vide « restent faiblement impliqués », comme la Meuse, le Tarn, l’Ariège, l’Aveyron ou encore la Lozère. « Ces départements, à faible densité médicale, sont également éloignés des lieux de sessions de la MSU, ce qui limite l’engagement local. » Et interroge sur les capacités de ces zones à accueillir et à former correctement les futurs docteurs juniors.
Enfin, dans les départements à forte densité médicale comme les Bouches-du-Rhône, le Nord ou encore la Gironde, le taux de formation reste limité. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose aux yeux de l’ANDPC, qui y voit plutôt là une ressource inexploitée. « Il convient donc, insiste-t-elle, d’encourager le déploiement de l’offre de formation dans les départements sous-dotés » sur ce point, mais pas forcément en médecins.
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